Le vol à voile, ça fait planer !
Dans le cockpit léger et silencieux du planeur, la sensation d'avoir des ailes
Anne-Sophie BLOT
J'ai testé pour vous. Soleil radieux, ciel clair, brise légère, la météo est parfaite pour prendre la voie des airs. Malgré l'appréhension, j'ai craqué pour un baptême de planeur.
« On va voler ? », me propose enjoué Christophe Nortier, le président du club de vol à voile. C'est une grande première, j'ai un peu la trouille, mais je ne vais pas me dégonfler. Dans la voiture qui nous conduit à la piste, on discute, tout va bien. Au pied du planeur, lorsqu'on m'enfile le parachute de secours de 6 kg et qu'on m'explique comment l'utiliser, « au cas où », je n'en mène pas large. « En trente ans de vol, je n'ai jamais vu quelqu'un qui ait eu à s'en servir », me rassure mon accompagnateur.
Je m'installe à l'avant du biplace Alliance 34 ; le pilote prend les commandes à l'arrière. Je me plie aux règles : harnais attaché, bob vissé sur la tête, « pour éviter l'insolation. » Christophe m'explique que le planeur va être tracté par un avion remorqueur. « On pourrait aussi se faire lancer par un treuil mais on monte de zéro à 100 en trois secondes. Pour un baptême, on va peut-être éviter ! » Ce n'est pas moi qui vais le contredire.
Quelques minutes d'attente, la pression monte. « Dans ce sport, il ne faut pas être pressé », m'a-t-on prévenu. La radio donne enfin le top. Le planeur glisse sur le gazon et s'élance dans les airs avec grâce, tel un oiseau.
« Tu veux piloter ? »
Quelques soubresauts, le planeur tangue à droite, penche à gauche, de quoi avoir des hauts-le-coeur. Je me cramponne. Au bout de quatre minutes, l'avion nous largue à 1 000 mètres. Nous voilà livrés à la merci des courants ascendants. Mieux vaut ne pas trop y penser. Mais mon pilote sait me mettre à l'aise : « Tout va bien ?» s'enquiert-t-il fréquemment pendant le vol.
Je me détends et en prends plein la vue. Le patchwork jaune et vert des champs, Alençon en miniature... En haut, le silence est roi. Et quelle fraîcheur ! Rien de tel quand il fait 30 °C sur la terre ferme. Comme dit la chanson, ça plane pour moi !
« Tu veux piloter ? » me propose mon moniteur d'un jour. Message reçu. Je serre le manche et appuie les pieds sur les pédales. « Ce n'est pas plus compliqué que de conduire une voiture. Il suffit de le sentir. C'est très tactile le planeur. » On file vers un cumulus qui nous tire vers le haut. Sensations fortes garanties.
Retour sur le plancher des vaches dans un atterrissage en douceur. Quarante-cinq minutes dans les airs, ça passe à une vitesse folle. J'étais le 565e baptême de l'air de ce passionné, qui côtoie le ciel depuis 1983. « C'était génial », me vient seulement à la bouche. Une montée au septième ciel, ou presque.
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